Claire Marin, Être à sa place

J’étais contente de recevoir ce livre mais j’appréhendais un peu sa lecture et les messages qu’elle pourrait renvoyer. L’injonction à trouver sa place ou à être à sa place est parfois tellement bien ancrée, qu’avoir l’impression de ne pas y être peut être douloureux.

Cet essai de 235 pages nous propose de réfléchir aux différentes places que nous occupons dans notre vie, de cette place que l’on recherche parfois, du malaise ressenti lorsque nous avons l’impression de ne pas être à notre place ou d’en occuper une qui ne nous convient pas.
On rêve d’en avoir une ou d’échapper à celle qui nous est attitrée d’office. Certaines personnes aiment être en mouvement, ne tiennent pas en place alors que d’autres sont profondément enracinées voir enlisées. Les espaces réels ou symboliques nous accueillent ou nous rejettent mais nous continuons d’avancer.

Les chapitres sont courts et la lecture agréable. Ce n’est pas un livre de développement personnel, l’approche est plutôt philosophique et psychologique mais reste abordable. C’est un excellent support de réflexion avec de nombreuse références que l’on retrouve dans une bibliographie à la fin du livre.

Je trouve ce sujet passionnant, et Claire Marin explique avec beaucoup de clarté et de justesse ce concept de place et de mouvement qui nous hante parfois.

De nombreux sujets sont abordés à travers cette notion de place : le handicap, le racisme, le désir, les personnes déplacées (migrants, exilés), le rapport au corps, à la famille, à l’enfance.

Certaines idées développées par l’autrice me touchent beaucoup. Le plus triste est bien sûr l’absence de places pour de nombreuses personnes déplacées, déracinées, en errance comme les migrants et les populations ayant quitté leur pays à cause de la guerre (Syriens, Ukrainiens…)
Il y a aussi cet entre-deux douloureux pour les personnes ayant émigré. Je pense aussi à de nombreuses places parfois difficiles à occuper dans notre société. Elles ne manquent pas quand on y réfléchit.

D’un point de vue plus personnel, j’aime la part de hasard qu’elle évoque dans les places que nous occupons et le concept de mouvement libérateur.

Note : 4 sur 5.

Un excellent ouvrage à lire et relire. J’y ai trouvé un peu de réconfort et d’apaisement.

[…] l’existence est toujours une traversée ponctuée d’escales affectives ou sociales, géographiques ou politiques. Nous ne sommes en réalité jamais exactement à la même place et nous marchons sur des sables mouvants : « La vie est inquiète, le sol tremble sous nos pas. » On navigue d’un port d’attache à l’autre, on se détache, on change de pavillon, on décide d’un cap mais les courants nous ballottent, les vents nous détournent, on échoue en terra incognita. Qui sait ce que l’on découvre, y compris sur nous-mêmes, dans ces dérives et ces chavirements ? p.10

Être à sa place, Habiter sa vie, habiter son corps de Claire Marin, Éditions de l’Observatoire, 2022

Claire Marin est professeure de philosophie en classes préparatoires aux grandes écoles et membre associé de l’ENS-Ulm. Ses recherches portent sur les épreuves de la vie. Elle est l’autrice de Hors de moi, L’homme sans fièvre, La maladie, catastrophe intime, La Relève : portraits d’une jeunesse de banlieue, Rupture(s), qui revient sur l’effet des ruptures sur notre existence et notre identité.

Un grand merci à Babelio et aux Éditions de l’Observatoire pour cette découverte.

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6 commentaires sur “Claire Marin, Être à sa place

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