Hiromi Kawakami, Le Temps qui va, le temps qui vient

J’ai d’abord cru que c’était un recueil de nouvelles mais c’est en fait un roman avec plein d’histoires entrelacées qui se déroulent dans un quartier commerçant de Tôkyô.

Tout commence à la poissonnerie Uhoharu où travaille Heizo, un personnage un peu original qui héberge un autre homme Gen. Les gens se croisent, se retrouvent.
Des rencontres, des secrets, des relations familiales parfois compliquées mais des relations qui se tissent malgré tout entre les personnages qu’ils soient proches ou non.

Pendant toute la lecture, je cherchais à faire le lien entre eux, mais ils sont parfois à peine perceptibles. Leur seul point commun semble alors être le quartier dans lequel ils vivent.

La lecture est agréable et assez poétique. L’écriture reste légère dans les moments les plus graves et même lorsque la mort s’invite. On découvre différentes tranches de vie, on sent presque le temps s’écouler. Concrètement, il n’y a pas beaucoup d’action. On est davantage dans le ressenti, on s’imprègne de l’atmosphère. C’était un peu pareil avec Les Années douces.

C’est un roman sur le temps qui passe, et les aléas de la vie. Il interroge cette société japonaise, et les choix que nous faisons au cours de notre existence. J’ai ressenti une douce mélancolie, une fois la dernière page tournée.

J’ai relevé ce très beau passage :

« Je pensais que je ne décidais de rien. J’avais cru que tout se passait en dehors de moi, que c’étaient les autres qui tranchaient. Mais je faisais fausse route. J’avais vécu, je vivais, et cela suffisait à déterminer les choses à chaque instant. Loin d’être manifeste, le choix avait lieu d’invisible façon, mais le seul fait de connaître quelqu’un, de se croiser, le seul fait d’être là, de respirer, avait des répercussions. Il était impossible de ne pas être impliqué. Je décidais, quelqu’un décidait, les femmes décidaient, les hommes décidaient, la ronde des causes et des effets qui entraînaient la terre dans son mouvement décidait, voilà pourquoi j’étais là où j’étais. p. 301

L’autrice évoque aussi la cuisine. Les scènes décrites sont souvent des moments de partages agréables :

  • un délicieux bentô avec des boulettes d’œuf et de hachis de poulet, des haricots verts émincés, lamelles de gingembre rouge préparés pour une amoureuse
  • des brioches à la viande, deux fourrées à la pâte de de haricots rouges sucrée, et une au curry partagées entre un père et son fils.
  • du poulpe grillé
  • de la glace pilée
  • un nabe (une sorte de plat mijoté).

Note : 3.5 sur 5.

La fin un peu spirituelle est assez surprenante. Je l’ai lue plusieurs fois pour être sûr d’avoir bien saisi ce que l’autrice voulait dire à travers son personnage, comme si ça m’échappait un peu.

Le Temps qui va, le temps qui vient d’Hiromi Kawakami, Picquier Poche, 334 pages, 2008 – 2013
Une lecture commune avec Marie C

D’autres livres d’Hiromi Kawakami

  • Les Années douces ❤️ Tsukiko, 37 ans évoque sa rencontre avec un ancien professeur de Japonais. Ils vont se retrouver, de manière informelle et échanger librement, autour d’un repas, d’un verre de saké…

    Hiromi Kawakami sait évoquer avec une grande simplicité ces petits moments en dehors du temps, légers, délicats, en apparence insignifiants. Concrètement, il ne se passe pas grand chose non plus dans ce roman mais l’atmosphère n’est pas déplaisante et devient de plus en plus familière.

    Je me suis parfois sentie un peu enivrée par cette lecture et pas seulement en raison des effluves de saké. Coup de cœur aussi pour l’adaptation BD en deux tomes.
  • La Brocante Nakano ❤️ Un titre raccrochant au réel avec douceur et simplicité, une lecture légère, revigorante avec une ambiance toute particulière.

    Je me suis encore laissée porter par l’écriture de l’autrice découvrant une galerie de personnages singuliers et attachants, des situations du quotidien qui semblent presque piochées au hasard, ayant pour cadre un magasin d’antiquité japonais.
  • Les 10 amours de Nishino : Ce livre ne m’a pas tellement plu, malgré le talent d’Hiromi Kawakami pour décrire les sentiments de ces femmes qui ont toutes connu cet homme singulier : Nishino.

    Je ne me suis pas du tout attachée aux personnages, ressentant tout de même leurs émotions : de la nostalgie, de la mélancolie, de l’incompréhension, à travers les souvenirs évoqués, qui manquent souvent d’intérêt.
    On essaye de comprendre pourquoi cet homme agit ainsi mais jusqu’au bout, malgré les dix portraits, ça reste flou et les femmes se succèdent, dans une atmosphère un peu dérangeante.

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16 commentaires sur “Hiromi Kawakami, Le Temps qui va, le temps qui vient

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    1. Encore un titre à noter alors ! 😅 Beaucoup de simplicité et l’importance de se concentrer sur l’essentiel, c’est un peu ce que je retiens de cette littérature japonaise.

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  1. Un roman qui est dans ma liste. Si je te demandais à quelle saison ou un mois de l’année qui correspondrait bien pour en faire la lecture, que me conseillerais-tu? J’aime bien accordé mes lectures avec un temps de l’année! 🙂

    Aimé par 1 personne

    1. C’est une bonne question, sans réfléchir, je dirais le printemps, car j’aime bien lire des romans japonais à cette période mais peut-être qu’en été ça peut être bien aussi. J’ai lu tout récemment « L’Ode au chou sauté » et j’ai adoré. 🙂

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