Galak ♥ : Journal

Hier matin, vendredi 3 mai, Galak s’en est allé en fin de matinée. Il s’est endormi paisiblement dans son jardin avec nous, accompagné par une super vétérinaire.

Trois semaines se sont écoulées depuis l’annonce de son cancer.
Et hier, il ne pouvait plus se lever, il n’avait plus la force de marcher. Amaigri, il respirait difficilement et s’étouffait. Nous avons réussi à le porter jusqu’à la terrasse, son endroit préféré. ♥
Entre 8h30 et 10h30, je suis restée assise près de lui, le caressant, lui apportant tout le réconfort possible jusqu’à l’arrivée du vétérinaire.
J’avais installé des parasols pour le protéger du soleil qui tapait de manière insolente mais soulagée tout de même qu’il ne pleuve pas.
Mr Hilde a dû partir au travail à contrecœur mais il est revenu deux heures plus tard, il était là. Il y avait le ronronnement des tondeuses des voisins, mais plus rien d’autre n’avait d’importance, juste notre chien courageux, épuisé et nous. ♥
Le reste de la journée a été très éprouvant.

Samedi 4 mai : J’ai le cœur brisé, c’est si dur et il nous manque tellement. J’ai dormi quatre heures cette nuit et je pleure beaucoup.
C’est notre premier matin sans lui et son absence résonne si fort.
Nous avons commencé à rassembler ses affaires au sous-sol. Être un peu en mouvement nous a fait du bien sur le moment, mais il a fallu remettre les tapis dans la cuisine car ça nous angoissait terriblement. On a avait installé plein de tapis ces dernières années pour qu’il ne glisse pas et ait plus de stabilité en raison de son arthrose.

Dimanche 5 mai : Chaque matin est une épreuve. Il y a d’abord eux des flashs des derniers moments, et puis il y tous les endroits où Galak allait ou s’installait et toutes nos habitudes et petits rituels avec lui. Les souvenirs remontent parfois légers ou terriblement douloureux, reliés à certains objets du quotidien : une banane ou une simple éponge provoquent parfois un raz-de-marée émotionnel.
Nous prenons aussi conscience de ce que nous avons tous traversé ces dernières semaines, ces derniers mois et ces deux dernières années tous les trois. C’est dur.

Nous revenons d’une jardinerie. La semaine prochaine, nous allons planter un arbre pour honorer sa mémoire, peut-être un cerisier du Japon ou un liquidambar. J’aimerais aussi un boule de neige. Nous n’avons pas encore choisi.

Lundi 6 mai : Par moment, je me sens écrasée par le chagrin. La douleur est aussi physique. J’ai parfois des nausées ou très mal au niveau de la poitrine, ça se serre et ça se desserre. J’ai repris quelques activités. J’ai fait des fleurs de cerisier en Lego, je fais un peu de diamond paiting, j’essaye de lire.

J’ai fait comme un petit autel sur le meuble à thés avec une photo, un nénuphar rose lumineux et un œillet d’Inde rose de chaque côté. Pas loin, quelques souvenirs de notre mariage dont une figurine que j’aime bien. A côté, la figurine de golden trouvée hier chez Truffaut et les fleurs de cerisier en Légo coincées dans le pot de l’orchidée qu’on nous a offert pour notre mariage. C’est joli.
Mr Hilde a repris le travail ce matin. Je suis à la maison.

Mardi 7 mai : Chaque jour est un peu mieux que le précédent. J’avais prévu de passer une partie de mon après-midi à la médiathèque pour me changer les idées mais je me suis sentie assez mal là-bas, nauséeuse et déprimée. Je me sens mieux à la maison pour l’instant.
J’ai commencé un billet de blog pour le mercredi BD avec Jim de François Schuiten et la lecture d’Assise debout couché d’Ovidie. J’ai acheté une peluche de golden. Tout ce qui peut me relier à mon chien m’apaise un peu. La douleur est plus vive le matin au réveil et le soir.

Mercredi 8 mai : Je continue à entretenir mes petits autels de fleurs. Nous avons beaucoup jardiné avec Mr Hilde et la présence de fleurs un peu partout me fait du bien.
J’ai commencé un petit carnet avec tous nos souvenirs : nos jeux avec l’eau l’été, les fois où il faisait le clown dans le rideau, sa manière de nous interpeler, de nous oublier quand il était chez mes beaux-parents et de filer directement à la cuisine dans l’espoir d’avoir un peu de poulet, de faire le fou avec tous les volontaires … Il y a tant de souvenirs.
J’avais écrit des haïkus quand j’étais chez mes parents pour canaliser mon inquiétude d’être partie quelques jours.

Jeudi 9 mai : Ce matin, une mésange a trouvé des poils de Galak dans le jardin et est repartie avec une petite touffe comme tous les ans. C’est Mr Hilde qui l’a vue, j’aurais bien aimé la voir aussi.
Mes parents arrivent cet après-midi.

Mercredi 15 mai : J’ai arrêté de tenir mon journal. Le plus dur semble passé et je me sens chaque jour un petit peu mieux, moins oppressée au niveau de la poitrine, moins abattue aussi.
La venue de mes parents nous a aidés à nous changer les idées. Vendredi, c’était dur, ça faisait une semaine, j’y ai beaucoup pensé.
On a jardiné. Les fleurs continuent de me réconforter et j’ai commencé à creuser un trou pour le cerisier. J’essaye aussi de bouturer le boule de neige géant qui était si beau, il y a quelques semaines.
Enfin, dimanche, nous sommes allés au Parc botanique de Haute Bretagne, c’était beau et apaisant. Je partagerai mes photos mardi prochain.
Demain, je passe la journée à l’école maternelle pour le prix littéraire de la BCD et d’autres projets m’attendent.
Il suffit de lever la tête de mon PC pour le voir en photo. ♥