Prajwal Parajuly, Fuir et revenir

J’étais impatiente de découvrir ce roman conseillé par Véronique et très enthousiaste à l’idée de cette Lecture Commune avec les Etapes Indiennes mais parfois la rencontre tant attendue n’a pas lieu. C’est toujours décevant.

Gangtok, État du Sikkim au cœur de l’Himalaya
Chitralekha doit accueillir ses petits-enfants pour son chaurasi, son 84ème anniversaire célébré dans la tradition népalaise. Des retrouvailles sous haute tension puisque la grand-mère n’adresse plus la parole à Bhagwati, s’étant enfuie à l’âge de 19 ans avec un réfugié bhoutanais de basse caste. A son grand désespoir, Agastaya n’est toujours pas marié. Manasa a fait un beau mariage mais a renoncé à une belle carrière après Oxford et cette dernière n’arrête pas de lui faire des reproches.
Les rancœurs sont nombreuses. Même la servante, Prasanti, une hijra, à la langue bien pendue se retrouve mêlée à ces querelles familiales. Et si la situation pouvait devenir encore plus explosive avec l’arrivée d’un nouveau convive…

Comme on s’y attend, ces retrouvailles vont évidemment être électriques ! Chitralekha a un sacré tempérament, elle est à cheval sur les traditions, rigide sur bien des sujets avec ses petits-enfants et parfois très susceptible.
La communication n’est pas le point fort de cette famille : secrets, non-dits, mensonges, maladresses, insultes, manque de tact et de compréhension … C’est vraiment dysfonctionnel !

J’ai d’abord eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, mais j’ai retrouvé un peu de peps en découvrant le caractère de Chitralekha, le sens de la répartie de Prasanti et le portrait de Bhagwati et d’Agastaya. C’est par la suite que ça s’est gâté avec l’impression d’être dans une sorte de huis-clos un peu étouffant. Je me suis lassée des règlements de compte et des confrontations un peu théâtrales, à mon sens, entre les personnages. Je leur ai peut-être accordé trop d’importance. Les conflits sont bien enracinés, plusieurs bombes à désamorcer ! Forcément, il y a des dommages collatéraux ! Aïe, ça croque sous la dent !

Je dois reconnaître que certaines situations sont assez burlesques avec quelques passages bien décapants mais les échanges m’ont souvent semblé exagérés et les comportements puérils et agaçants, à la longue.
Les personnages ne sont pas très sympathiques, c’est un fait et je n’ai pas ressenti d’attachement particulier pour ce microcosme familial.
L’humour y est très particulier et je trouve le terme de comédie un peu survendu ! Avec le recul, je trouve certaines situations plus comiques que pendant la lecture. Je pense aussi aux moments un peu plus tristes de l’histoire. Le parcours de Prasanti et de Bagwanti m’ont plus touchée.

Des sujets intéressants sont abordés dans ce roman, liés aux personnages : le mariage (arrangé), le couple, les traditions indo-népalaises, la famille, l’immigration. On y parle aussi des réfugiés, des hijras et d’homosexualité. Malgré mon intérêt pour toutes ces thématiques, je n’ai pas été conquise par cette lecture, je suis restée à distance et j’ai fini par m’y ennuyer. C’est un ressenti assez inhabituel surtout en littérature indienne. Et pourtant, je n’ai pas l’impression d’être passée à côté, ni de l’avoir lu au mauvais moment.

J’avais beaucoup aimé la nouvelle Aucune terre n’est la sienne de Prjawal Parajuly, je ne peux malheureusement pas en dire autant de ce roman qui ne m’a tout de même pas laissé indifférente. J’en suis à ma 25ème révision, j’y serais peut-être encore ce soir ! Bref, vous trouverez de nombreuses critiques très élogieuses et des avis plus mitigés. L’idéal est encore de se faire son propre avis en découvrant ce livre ! 😉

Fuir et revenir de Prajwal Parajuly, Éditions Emmanuelle Colas, 2014 – 2020

Une lecture commune avec Adeline (Insta), Blandine, Doudoumatous, Manon (Insta), Véronique

Les Étapes Indiennes organisé par Blandine & moi