Rabindranath Tagore, Kabuliwallah et autres histoires

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour un rendez-vous proposé par les Étapes Indiennes et 2024 sera classique aussi !

« Un poète du dimanche relégué dans un village se pique d’apprendre à lire à Ratan, l’humble fillette qui le sert ; deux amis se déchirent à cause du citronnier qui sépare leurs jardins ; une petite fille, à peine sait-elle écrire, trace partout ses états d’âme poétiques avec un bout de charbon, sur les murs, le cahier de comptes de son père, les manuscrits de son frère ; une enfant de cinq ans se lie d’amitié avec un colporteur afghan qu’elle rejoint en bas de chez elle dès qu’il passe – Kabuliwallah ! – mais qui un beau matin ne se présente plus…
Délicieuses et dramatiques, ces vingt-deux nouvelles, qui se déroulent au cœur du Bengale et de Calcutta, sont d’un inépuisable envoûtement. »

J’ai découvert l’œuvre de Rabindranath Tagore avec ses Histoires de fantômes indiens. J’avais adoré les différents récits fantastiques de ce recueil, l’écriture fraîche, parfois glaciale, teintée de surnaturel et de mélancolie.
Ici, les nouvelles, au nombre de vingt-deux, sont plutôt réalistes bien qu’elles fassent parfois penser à des contes. Les fins sont souvent étranges et laissent une petite ouverture.
J’ai une fois de plus apprécié son écriture, une belle écriture, assez poétique et descriptive, avec une « tonalité singulière », des passages empreints d’une certaine nostalgie parfois à la frontière du fantastique.

Tous ces événements sont relativement récents. Vous croyez peut-être qu’ils se sont passés à une époque lointaine mais pour moi qui veille depuis une éternité sur ces lieux, c’était hier. Voyez-vous, je ne ressens pas le passage du temps, puisque pour moi, les jours s’écoulent et s’enfuient au rythme des mouvements du Gange ; puisque, pour moi, la lumière du matin et l’ombre du soir caressent jour après jour le fleuve pour s’effacer jour après jour, sans laisser de traces. Aussi, bien que j’ai l’air vieux, mon cœur est toujours jeune. Jamais les lourdes algues des anciens souvenirs ne sont venus voiler pour moi les rayons du soleil.

Je me suis laissée porter par ces différentes histoires, ces portraits qui dépeignent les condition sociales, les inégalité et les injustices de la société indienne, ces drames : mariages arrangés, malheureux, la question de la dot, de l’éducation des filles, je pense à Uma et son cahier (Le Cahier d’écolier).

Un sentiment de profonde tristesse m’a enveloppée à plusieurs reprises. Certaines nouvelles sont dures et bouleversantes. J’ai eu beaucoup de peine pour Subhashini (L’enfant muette) déracinée et abandonnée par son mari ayant découvert son handicap, pour Chandara qui se sacrifie (Irréductible Chandara)…
Des sujets difficiles mais toujours abordés avec beaucoup de finesse.
La postface apporte un éclairage très intéressant sur l’état d’esprit de l’auteur lorsqu’il écrit ces nouvelles.

Note : 5 sur 5.

Je n’ai qu’une envie poursuivre ma découverte de l’œuvre de Rabindranath Tagore.
Citation, p10 L’histoire du Ghat

Kabuliwallah et autres histoires de Rabindranath Tagore, éditions Zulma, 2016 – 2020 pour la présente édition

 » Prix Nobel de littérature en 1913, et premier récipiendaire à ne pas être européen, Rabindranath Tagore a incarné à lui seul toute la littérature indienne — comme l’a fait plus tard Satyajit Ray, qui a d’ailleurs plusieurs fois adapté Tagore, avec le cinéma indien.
Son œuvre, entamée à l’âge de 8 ans !, a d’abord été connue pour la poésie. Puis elle s’est enrichie de romans, d’essais, de nouvelles, de récits de voyage, de pièces de théâtre, de chansons, de musique et de peintures. »
Article de Télérama : Trois bonnes raison de (re)lire Rabindranath Tagore

Les participantes : Katell avec Kumudini, Nath avec Kabuliwallah
Un autre avis, celui de PatiVore sur Kabuliwallah

 » Petites vies, petits chagrins,
Petites histoires de malheur,
D’une linéarité, d’une banalité radicales ;
Des milliers de larmes versées chaque jour,
Si peu sauvées de l’oubli ;
Pas de description élaborée,
Mais un pauvre récit monotone,
Ni théorie ni philosophie,
Aucune histoire vraiment résolue,
Une fin toujours avortée,
Laissant le cœur insatisfait.
A jamais inachevées,
Les innombrables histoires du monde :
Boutons arrachés avant maturité,
Gloire en poussière avant d’avoir été chantée,
L’amour, l’effroi, l’injustice
De milliers de vies obscures. »

Rabindranath Tagore

Les challenges de lecture

  • Les Étapes Indiennes
  • Le Tour du monde en 80 livres organisé par Bidib
  • 2024 sera classique aussi ! organisé par Nath Sci

8 commentaires sur “Rabindranath Tagore, Kabuliwallah et autres histoires

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  1. J’aime beaucoup aussi…j’ai lu des nouvelles et surtout son pave Gora…vraiment un auteur que j’adore…il faudrait que je retourne a d’autres de ses nouvelles…ouiii

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  2. J’ai lu Histoires de fantômes indiens il y a bien longtemps, je n’en trouve plus trace. Je me souviens d’avoir apprécié, ce qui n’était pas gagné car j’ai souvent du mal à m’immerger dans ces cultures si lointaines et si différentes.

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  3. J’ai découvert Tagore par sa poésie mais je ne le connaissais pas auteur de nouvelles et de romans. J’ai donc lu « Kumudini » et ce fut une lecture extraordinaire. Une écriture de toute beauté, un regard très fin et subtil sur la société indienne injuste dans bien des domaines. Je note les noms des recueils de nouvelles cités afin de continuer ma découverte de ce grand poète indien.

    Merci pour le partage.

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