Salman Rushdie, Les Versets sataniques

Je me suis lancée dans cette lecture dans le cadre d’un billet commun. Je souhaitais découvrir un roman de Salman Rushdie qui évoque à la fois l’Inde et l’Angleterre.

Un avions explose au dessus de la Manche, suite à un attentat. Deux survivants : Saladin Chamcha, doubleur, attaché à l’Angleterre et Gibreel Farishta, un célèbre acteur indien. Tous deux ont droit à une seconde chance, et devront choisir entre le bien et le mal.

L’œuvre est complexe, je m’y attendais.

J’ai eu du mal à comprendre tout ce qui se passait dans ce roman. J’ai parfois eu l’impression d’être ensevelie sous des couches de descriptions et de détails délirants, parfois ennuyeux, me détournant de l’histoire. Londres, Bombay, Jahilia, difficile de bien se repérer et de faire le lien entre les différents évènements. J’ai suivi tout ça de loin.

Il y a bien sûr une dimension mystique et religieuse forte avec la transformation des personnages, en chaitan (diable) et en archange. Même si la religion est toujours présente en toile de fond, l’histoire de l’Islam romancée, ce n’est pas le seul sujet abordé et tout finit par se mélanger un peu. Néanmoins, j’ai bien perçu ce que Salman Rushdie souhaitait dénoncer : le fanatisme religieux.

« La vie spirituelle de la planète ne tournait pas vraiment pas rond pensa Gibreel Farishta. Trop de démons à l’intérieur des gens qui prétendaient croire en Dieu.  »

De nombreuses références m’ont échappée au cours de la lecture. A plusieurs reprises, j’ai cru que j’allais abandonner. J’ai survolé des passages, lu en diagonale quand l’ennui s’installait, réussi à reprendre le fil de l’histoire, le reperdant à nouveau quelques pages plus loin mais souhaitant aller au bout quand même.

J’ai trouvé ce roman tellement déconcertant, si long avec tant d’éléments échappant à la compréhension. Cette lecture ne fut pas vraiment une partie de plaisir bien que les sujets de réflexion soient intéressants : le bien et le mal, la relation père-fils, le sort des immigrés en Angleterre (je ne l’avais pas bien perçu pendant la lecture), la mort, la foi, la prostitution…

Certains passages sont glauques et dérangeants. D’autres m’ont un peu amusée. Ils sont peu nombreux :

« Flottant sur un nuage, Gibreel pensa que le flou moral des Anglais venait de la météorologie. »

Transformer Londres en ville tropicale m’a fait sourire aussi. La longue description page 462 (Éditions Pocket) détaille tous ces changements avec un peu d’humour.

Les qualités littéraires de ce roman sont indéniables. C’est bien écrit, et certains passages retiennent l’attention, mais après avec tous mes efforts pour ne pas abandonner, je me suis sentie vraiment pessimiste et dans le flou après l’avoir terminé.

La dernière citation notée au cours de ma lecture:

« Dans la lutte éternelle entre la beauté du monde et sa cruauté, la cruauté gagnait du terrain chaque jour ».

Attendez, ce n’est pas fini !

Une fois la dernière page tournée, j’ai décidé de faire quelques recherches et j’ai vu que le roman s’inspirait de faits réels. Rachel m’en avait aussi parlé : « l’attentat contre un avion d’Air India en 1985, les émeutes de Brixton en 1981 et 1985, la ferveur populaire autour de l’acteur indien Amitabh Bachchan à la suite d’un accident de tournage en 1982, la noyade tragique en 1983 de plusieurs adeptes chiites, la révolution iranienne de 1979. » Wikipédia

Se documenter semble indispensable pour comprendre les multiples références de ce roman. Ensuite faut-il encore pouvoir replacer les évènements dans l’histoire. Pour certains, c’est facile, pour d’autres, c’est plus compliqués! Ce n’est pas simple de reconstituer le puzzle !

Enfin, je vous invite à écouter : Pourquoi il faut relire « Les Mémoires sataniques de Salman Rushdie ?
Cette analyse m’a beaucoup touchée. Elle évoque une des thématiques forte de ce roman : le sort des immigrés qui tentent de trouver leur place en Angleterre et le côté un peu autobiographique du livre.

Ce nouvel éclairage m’a permis de voir les choses sous un autre angle et d’améliorer ma compréhension de l’histoire, ce qui m’a vraiment fait du bien. Je n’ai pas tout compris, tout saisi et n’ai pas eu envie de me replonger dans l’histoire des religions. Peut-être un jour prochain, qui sait!

Les Versets sataniques est le quatrième roman de Salman Rushdie publié en 1988. Il a reçu le prix Whitbread.
Suite à une rumeur et une énorme polémique concernant Les Versets satanilques, le 14 février 1989, l’ayatollah Khomeini lance une fatwa de mort contre l’auteur. Salman Rushdie va vivre dans la clandestinité pendant dix ans.

  • Un billet commun avec Rachel qui a lu La Maison Golden

Si vous cherchez un roman plus léger et drôle, qui se passe en Angleterre, avec des anges et des démons, je vous recommande De bon présage (Good Omens) de Terry Prachett and Neil Gaiman !

Étapes Indiennes en Angleterre : Rendez-vous interchallenge entre Les Étapes Indiennes avec Blandine & moi et Le Mois Anglais avec Lou, Titine et Cryssilda

16 commentaires sur “Salman Rushdie, Les Versets sataniques

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  1. Oh oui…il reste complexe….je soupconne Salman de decrire des passages du Coran (je ne m’y connais pas assez)….on y trouve aussi Mahommed et ses femmes…d’ou la Charia…..bref, j’en garde vraiment un tres bon souvenir feerique…(lu en 88)…d’ailleurs ce fut mon premier livre de cet auteur et depuis j’ai presque tout lu…..je l’adore vraiment….;)…

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    1. Je pense qu’il faut accepter de ne pas tout comprendre mais ce n’est pas facile ! 😁 La traduction, ça doit être quelque chose ! Je lirai peut être les récits avec des enfants, ils sont peut-être plus accessible !

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  2. Je garde un souvenir intense de cette lecture ! J’avais été surtout gênée par le style mais le fond m’avait semblé plutôt limpide en fait 😉 Ayant lu auparavant ses mémoires (Joseph Anton), je disposais de quelques clefs fournies par l’auteur lui-même, ce qui a pu m’aider également. En tout cas, je salue ta performance (en connaissance de cause 🙂 ).

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    1. Merci, c’est une lecture vraiment particulière. Je pense que ça doit aider en effet d’avoir quelques clés. Je suis vraiment contente d’être allée au bout. La petite analyse que je cite dans mon billet a aussi redonné du sens à ma lecture.

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  3. Je ne connais que de nom l’auteur, mais j’avoue que ça ne me branche pas plus que ça ! par contre, je note volontiers De bons présages, que mon très cher Lui possède dans sa bibliothèque, j’attends juste le bon moment =)

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    1. C’est une lecture assez déconcertante. Je comprends ton hésitation. Je pense que se renseigner sur l’auteur et sur le roman avant de se lancer est plutôt sage.

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